vendredi 4 janvier 2008

Suite de l'échantillon, 16 à 20

16/83


Toutes les fleurs de l'été


On dit que les feuilles
Tombent à l'automne,

Se fanent les fleurs
Et le froid revient.

Mais si
Par un jour d'octobre,

Foulant les feuilles amassées
Au pied des grands arbres
Dénudés,

Nous nous en irons
Unis par le cœur,
Alors que viennent

Le froid et la neige
Et le vent,

Sur la terre
Noire et désolée,
Peu m'importe,
Car au fond de ton regard

Je contemplerai
Toutes les fleurs de l'été.


31 juillet 1983



17/85


Désir


Au Louvre,
Je vis une tête antique de femme.
Elle était à la hauteur de mes yeux.
Soudain, je l'ai senti si vivante,

Si proche de moi,
Que j'ai eu envie de l'embrasser

Sur ses lèvres de marbre.
Et puis je n'ai pas osé.
Finalement j'ai bien fait,

Car,
Je ne lui avais pas demandé son avis.
Mais peut-être que si je l'avais fait,
Elle aurait repris vie et se serait animée
Sous mes yeux ébahis,
Oh ! Quelle merveille !
Le public se serait affolé,
Mais moi, j'aurais bien ramené
Ma nouvelle amie
Chez moi.
Il aurait fallu se méfier
Des gardiens.
On m'aurait accusé
De la voler.

Comment
Peut-on oser affirmer
Qu'une femme si belle
Si vivante,
Puisse appartenir
Aux corridors poussiéreux
D'un musée !?


5 janvier 1984 & 29 septembre 2004



18/126



La recette de la semaine :
l'amour absolu


Prenez un grand besoin de caresses,
Ajoutez une forte envie de sexe,

Même refoulée,
Et beaucoup d'admiration
Pour une demoiselle.

Mettez à bouillir
Durant plusieurs heures dans votre cœur.
Au moment de servir cette infusion
Jetez-y
Trois poignées de confiance,
Une généreuse poignée de folie,
Trois gouttes d'absolue confiance,
Deux gouttes d'absolue folie,

Saupoudrez généreusement
De la poudre d'oubli des souffrances passées,
Buvez bouillant.
Vous étouffez ?
Vous paniquez ?
Vous délirez ?
C'est parfait.
Vous avez réussi
La recette.


Bonne chance !
Et à la semaine prochaine !


Philomène


8 janvier 1994


19/135


Isabelle


Il faut être
Comme un récif
Battu par la vague
Du malheur.
La vague nous submerge
Et se retire.
La vague nous submerge
A nouveau
Et se retire
A nouveau.
Et nous sommes toujours là,
Immuables,
Inamovibles.
Et les mouettes passent
En planant
Au-dessus de la mer.
Et les mouettes passent
En riant
Au-dessus de la mer.

Et nous planons
Et rions avec elles.


Gennevilliers, le 12 décembre 1994


20/157


Vision du soir
rue des Thermopyles


Un soupir.
Une jeune fille
Sous la pluie
Qui pleure.
La pluie pleure
Et la jeune fille aussi.
Le pavé était mouillé,
J'étais pressé,
Je ne me suis pas arrêté.
Une jeune fille,
Les yeux grands ouverts,
Qui soupire et pleure.
Et moi,
Sous la pluie,
Sur le pavé mouillé de pas mal de pluie,
Mêlée d'un peu de larmes,
Je m'en suis allé,
Sans rien lui demander.
Aujourd'hui,
Le soleil brille.
La jeune fille rit,
Peut-être,
Mais elle pleure encore
Dans mes souvenirs.


15 décembre 2002 & 10 juin 2004

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