lundi 7 janvier 2008

Suite et fin de l'échantillon, 36 à 42

36/312


Le théâtre assassiné


C'était à Paris, place Valhubert,
Dans les bâtiments de la gare d'Austerlitz,
Des installations de la gare,
Une bibliothèque et un théâtre.
De tout ceci, des constructeurs de bureaux
Se sont fait les bourreaux.
Depuis peu, il ne reste rien de l'ancien,
Exceptée la façade,
Squelette qui pleure le bâtiment disparu
Remplacé par la froideur du verre et de l'acier.
Il ne reste rien de plus comme vestiges,
Le jour, du moins,
Car la nuit, se faufilent des ombres.
Là où était le théâtre,
On peut voir, après minuit,
L'heure des spectres et chats noirs,
Molière, discutant avec Shakespeare,
Bethoveen parlant musique avec Mozart,
Et même, le fantôme de l'Opéra.
Des dramaturges et musiciens
Des temps anciens portant perruques poudrées,
Théorbes ou chandeliers d'argent.
Tout ce monde de somnambules
Erre et déambule dans les bureaux vides.
Quelquefois, assis sur un fax
On voit jouer Adolphe Sax,
André Chénier conversant avec Lorca.
Et quand vient le jour,
Tout le monde s'éclipse.


15/16 octobre 2004


37/320


Le Général Belgrano


C'était un vieux navire en acier
Avec à son bord 909 marins et officiers.


Touché à deux reprises,
Le vieux cuirassé
S'est enfoncé
Droit dans la houle grise.


Masse de métal qu'on malmène,
Il repose au fond
Et les poissons se promènent
Dans les coursives et les canons.


Le calme a succédé à la peur,
Le jour se meurt.
Au-dessus des survivants
Tournent les goélands.


Plus de vingt années ont passé,
Je me souviens
Des marins argentins
Sur leur vieux cuirassé.


21 octobre 2004


38/329


Un slow


Resplendissante de jeunesse et de beauté,
Nue sous ta robe d'été,
Tu as précipité
Tes formes fermes et généreuses
A l'assaut des miennes.
Lançant ta cuisse
Entre mes jambes,
Tu as frotté ton sexe
Contre moi,
Tes seins
Et tout le reste.
Tu en as bien profité,
J'ai beaucoup aimé,
Tu t'es serrée dans mes bras,
Après quoi
Tu m'as quitté,
Fort civilement
Revenant vers ton fiancé.


Huit années ont passé,
Je n'ai pas oublié,
Tu m'avais offert
Le plus beau slow de l'été.


16 novembre 2004



39/332


A une jolie maman


Avez-vous vu la serveuse ?
Son beau visage,
Ses beaux cheveux ?
Comme elle est belle !!
Sa taille est fine,
Sa silhouette est élancée,
De dos ou de face,
Tout est parfait.
Elle porte sur la peau fine de son épaule,
Un semis de fleurs tatoué.
Son regard me trouble
Et son sourire éclatant également.
Un régiment de hussards
Succomberait sous son charme.
Belle inconnue,
Tu es pour moi
Comme une lampe à la lumière blanche
Dans la nuit noire de ma solitude.
Le papillon qui tourne en rond
T'a écrit ce poème
En espérant que tu le recevras
Comme une douce caresse.


29 décembre 2004


40/343


Courbes


La courbe de la montagne,
Prise dans les brumes à l'aurore.
La courbe parfaite
D'une pomme mûre
Fraîchement cueillie.
La courbe taquine
D'une anglaise
Tombant derrière l'oreille.
Il n'y a rien de plus beau
Que la courbe divine
D'un corps féminin.


31 mars 2005


41/347


Les jolis fruits du printemps


Croisant une inconnue
En traversant le passage du Chantier,
Je me suis retrouvé
Sans l'avoir cherché,
Le nez plongé dans un décolleté
Gonflé par deux fruits parfaits,
A la peau douce et satinée.
Je venais d'admirer
Une belle commode en merisier,
Et me suis dis :
Combien plus beaux
Que tous les mobiliers
Sont ces merveilles
Que la Nature nous a données !


5 avril 2005


42/348


Poussette


Dans la vitrine du magasin,
J'ai vu un beau carosse
Qu'on pousse à deux mains.
Tout y est prêt
Pour que tu y dormes
D'un sommeil serein.
Il ne manque que toi
Qui dort après la têtée,
Et ta maman
Marchant fièrement,
Elle derrière
Et toi devant.


6 avril 2005

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