mardi 8 janvier 2008

Vers à lire, à boire ou à fumer. 354 poèmes de Basile Pachkoff - Paris 2005

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Dédicace


Je ne suis pas spécialement jeune,
Je ne suis pas spécialement beau,
Je ne suis pas spécialement athlétique,
Je ne suis pas riche,
Je ne suis pas célèbre,
C'est pourquoi,
Je reste étonné,

Quand de jolies inconnues

Paraissent s'intéresser
A moi.
Qu'est-ce qu'elles me trouvent ?
Certaines paraissent draguer
L'individu timide et peu malin
Que je suis.
Même si leurs efforts sont vains,
Elles méritent ma gratitude.
C'est pourquoi,
Je dédie ce recueil
Aux jolies femmes inconnues,
Dont le regard brille
De désir
Quand elles me voient.

Entre Paris et Turin, le 22 juin 2004.



La petite histoire du poète
ou l'art de cristalliser l'instant poétique


J'ai commencé à écrire il y a quarante-cinq ans. Depuis vingt-trois ans, je me suis mis à la poésie. En dehors de deux ou trois tentatives, il y a longtemps, je n'ai jamais cherché à être publié.

Il y a vingt-trois ans, j'ai entrepris de faire lire autour de moi mes écrits. J'ai utilisé la reprographie. J'y ai gagné des lectrices, des lecteurs, de grand(e)s ami(e)s aussi.

Je pense que la poésie que j'écris doit exprimer une émotion ressentie à un moment donné.

Exprimée avec mes mots, mon style, le poème figera un instant poétique et communiquera cette émotion au lecteur. Emotion qui pourra être passagère.

Ainsi, fugitivement, une rencontre me paraîtra merveilleuse ou horrible. Analyser la réalité de mon émotion pourra mettre en doute l'objectivité initiale du sentiment que j'éprouve. Une belle inconnue reste une inconnue et sa beauté ne présume en rien sa qualité et celle de la relation possible avec elle (quand elle est possible).

Il m'est arrivé de vilipender Dieu il y a plus de vingt ans. Aujourd'hui, je n'en ai plus envie. Mais les textes rédigés alors exprimaient des sentiments sincères. J'ai choisi de les inclure dans ce recueil, y compris si mon sentiment a changé depuis.

J'ai également conservé ici des poèmes dédiés à des passions amoureuses, qui se révélèrent par la suite avoir été des délires d'imagination. Ces instants poétiques sont les instants de vie d'un être humain parmi d'autres. L'identité exacte des personnes concernées importe peu. Une femme dont j'ai été amoureux devient ici une abstraction, une pure source d'inspiration. C'est pourquoi, si son prénom figure dans un poème, je l'enlève (ou peux le remplacer par un prénom imaginaire). Non pas que j'aie honte de l'avoir écrit, mais parce que ça n'aurait aucun sens de le garder. La qualité fugitive d'un instant poétique, fait que chacun des poèmes est ici daté (le lieu est aussi indiqué, sauf quand il s'agit de Paris). Chaque poème exprime mon sentiment exact en ce lieu et à l'instant de ce jour où il a été écrit et ne préjuge nullement de mon sentiment en un autre lieu et un autre moment antérieur ou ultérieur de ma vie. La seule chose permanente est le changement, ce qui n'exclut pas la croyance métaphysique. Et je n'ai de haine pour aucun sexe, groupe, catégorie ou personne, quand bien même il serait ici vertement critiqué.

Ce ne sont rien de plus et de moins que des instants poétiques. Il s'agit de poésies et pas d'un mode d'emploi, pour la vie. Et j'espère que le lecteur y trouvera une source de plaisir, de réflexions et de désir d'écrire.

Les poésies sont rangées par ordre chronologique de rédaction. Au fur et à mesure que je les redécouvre et décide de les tirer de l'oubli dans lequel je les avais laissés. J'en écrit aussi de nouvelles. L'ensemble figurant ici témoigne d'un moment de ma récolte de textes anciens et de productions de nouveaux.


Basile

Paris, le 29 juillet 2004



1


Je t'attendrai


Je m'assiérai sur un banc,
Et je t'attendrai mille ans.
Même mort, je t'attendrai encore,

Et s'il le faut, devenu poussière,
Je t'aimerai
Par l'empreinte de tes pieds.


22 novembre 1981



2


Je ne sais pas où tu es


Je ne sais pas où tu es.
Cet après-midi, je ne te verrais pas,
Ni ce soir,
Ni demain.

Je ne sais pas où tu es,
Qui tu es.
Pourtant tu es quelque part.
Ton cœur bat,
Et ton souffle s'agite.

A cette heure-ci,
Il est bien tôt,
Et sans doute tu dors encore.
Quand je pense à toi très fort,
J'arrive à voir tes paupières closes,
Et ton sourire paisible.
Je sens ton souffle léger sur ma joue,
Je sens également ton cœur
Qui bat tout près de mon cœur,
Mais ne vois pas ton corps,
Et ne connais pas ton nom,
Toi tendre inconnue,
Peut-être t'ai-je déjà rencontrée
Sans savoir qui tu étais.

O toi que j'aimerais,
Combien de jours,
Combien de mois,
Combien d'années,
T'attendrais-je encore,
Avant de pouvoir enfin te rencontrer ?
Quand viendras-tu,
Toi que j'attends
Depuis si longtemps ?


5 & 6 décembre 1981




3


Joie d'un jour de pluie


Après la nuit vient le jour,
Après la servitude vient la liberté,
Après la tristesse vient la joie.

Aujourd'hui 31 décembre 1981,
Les orangers donnent leurs fruits à plein
Sur les Champs-Elysées.
Les ours, les loups et les chacals
Dansent une ronde endiablée.
Autour des cages du Zoo de Vincennes,
Où ils ont enfermé tous les gardiens,
Les chats du quartier, par milliers, viennent visiter.
Des vols d'oiseaux multicolores passent dans le ciel,
Chantant à pleins poumons
Du Brassens et du Josquin des Près,
Parmi de gros nuages roses et violets,
Qui lâchent sur Paris des flots de limonade et de crème de cassis.
Aux carrefours, les agents de police, en coassant,
Règlent la circulation de charrettes à bras,
Tirées par des fourmis géantes et des chats.
On réveillonne dans les égouts,
Qui embaument la lavande et le nougat.
A la place du Sacré-Cœur,
Il y a une religieuse en chocolat
De même format.
On est prié de venir lécher la basilique.

Et moi, métamorphosé en libellule géante végétarienne,
Je vole au-dessus de tout ça.
J'ai bien de la joie au cœur,
Car j'ai reçu une carte de vœux
D'un être cher aujourd'hui,
Peut-être aimé demain.
Et après l'avoir lu,
C'est ainsi que je me suis vu,
Avec Paris, ses orangers,
Ses fourmis géantes,
Et ses ours en liberté.


31 décembre 1981



4


En caressant avec les yeux de belles inconnues


Dans le métro, on peut rêver
En caressant des yeux
Des jeunes filles que l'on ne peut toucher autrement,
Ou perdre son regard
Dans un décolleté plongeant,
Fait exprès pour vous faire croire
Qu'on peut tout y voir.
Je ne suis pas un obsédé,
Mais j'aime bien vérifier
Si le bout des seins y est,
Ou s'il s'est dérobé
Dans une pénombre mystérieuse,
Ou à l'abri de deux orbes de nylon blanc.


4 janvier 1982



5


Rêverie


Galet blanc perdu dans le ciel sombre,
Lumière incertaine et fragile,
Les nuages qui te frôlent
Semblent passer loin de toi.


O Lune lointaine,
J'aimerai dormir sur tes cheveux d'argent
Et oublier la peine
Qui habite mon cœur depuis plus d'un an.


5 janvier 1982








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