vendredi 18 janvier 2008

Suite du recueil, 116 à 121

116


Quand tu es venue


Quand tu es venue dans ma vie,
Il faisait nuit depuis si longtemps
Que je ne croyais plus
En l'existence du soleil.
Il faisait si froid,
Il faisait si triste.
Quand tu es venue dans ma vie,
Je ne sais pas pourquoi,
J'ai recommencé à voir le soleil,
A ressentir la chaleur
Et la joie,
En pensant
A toi.


29 septembre 1992



117


La Guerre de Grande Poésie


Le bastion de la Poésie
Tient face à la Raison,
Raison qui voudrait marier
Quelquefois
Des gens qui ne s'aiment pas,
Et empêcher de se marier
Des gens qui s'aiment.
Il tient aussi face à l'Eglise,
Qui voudrait maintenir mariés
Des gens qui ne s'aiment plus,
Et empêcher les gens de faire l'amour
Sans avoir d'enfants,
Même quand ils n'en veulent pas.
Le bastion de la Poésie
A présent tient
Face à la Révolution Sexuelle,
Qui voudrait voir les gens
S'accoupler dans tous les coins.
Voilà des assaillants nouveaux :
Il tient face au Féminisme
Qui voudrait voir dans l'Homme
L'ennemi de la Femme.
Ces derniers combats se terminent,
Que monte vers lui la peur du SIDA,
A elle se sont joints
Les débris des armées
De l'Eglise et de la Raison.
Dans la fumée des explosions
De la Haine, du Malheur
Et de l'Incompréhension,
Le bastion de la Poésie
Tient toujours.
Il est couvert de blessés.
Les troupes fraîches de la relève arrivent,
Celles qui n'ont pas connu tous ces combats.
Celles pour lesquelles l'amour va de soi


29 septembre & 4 octobre 1992



118


Pour toi seule


Pour toi seule
J'étalerai mes pétales,
En espérant
Que fleur
Tu me cueilles.
Pour toi seule
J'ouvrirai mes ailes,
En espérant
Que papillon
Tu me prennes.
Pour toi seule
J'écrirai ce poème,
Sans te le donner à lire,
Pour qu'un jour,
Sur mes lèvres,
D'un baiser à peine effleuré
Tu m'emmènes.


30 septembre 1992



119


Le concassé


Quand je suis sorti de l'épais cocon familial,
Je suis tombé dans un concasseur
Aux yeux bruns.
Quatre ans plus tard,
Dans un autre concasseur,
Et ainsi de suite,
De concasseur en concasseur,
Je me suis retrouvé
Moulu, brisé.
Mais un coin de mon cœur
Fonctionne encore
Et fonctionne bien.
Alors, amie
Si tu m'aimes,
Prends-moi
Par la main
Et emmène-moi
Loin,
Très loin de la poussière
Des concasseurs successifs,
Qui emplit mes yeux
Et m'empêche de te voir,
Toi, que je n'ose appeler
Mon amour,
Tant j'ai reçu de coups
D'innocentes nymphes
Aux poings d'acier.


1er octobre 1992




120


Printemps


Sous la glace figée des fleuves
Coule l'eau vive.
Dans le sol inerte,
Souvenir oublié de l'été,
La graine
A commencé à se fendre.
Au loin,
Sur la plaine blanche
Pas un son,
Pas un bruit,
Et pourtant,
Quelque chose a bougé.
Comme une vibration imperceptible,
Inexprimable et merveilleuse.
Le battement d'ailes d'un oiseau
Qu'on n'attendait plus.
Il est là et le monde change,
Si vite,
Que le rêve ne sait plus
S'il est rêve ou s'il est réalité.
Si vite,
Que je ne sais plus
Si je rêve ou si je vis.
Et fond l'épaisse glace du malheur,
Et disparaît la cendre du passé.
Sous la scorie des amours anciennes,
Le brasier de mon cœur
Est toujours vivant.


6 octobre 1992




121


Je voudrais


Je voudrais
Etre pendentif,
Pour pouvoir
Tous les jours
Etre pendu
A ton cou,
Tout près
De ton cœur.
Je voudrais
Etre drap,
Pour pouvoir
Tous les soirs
Te prendre
Dans mes bras,
Et dormir
Auprès de toi.


7 octobre 1992


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