mercredi 16 janvier 2008

Suite du recueil, 89 à 93

89


La nef des fous


Ils sont là,
Troupeau infini,
Debout ou assis,
Se regardant furtivement,
Evitant de fixer du regard
Pour ne pas se faire remarquer.
Quand quelqu'un sourit ou parle
A des gens qu'il ne connaît pas,
Les autres le regardent,
Avec défiance,
Envie,
Ou curiosité.
Rire bien fort
Tout seul
Ou même avec des amis,
Est plutôt mal vu…
Comment s'appelle
Ce lieu fou,
Où ce qui est normal paraît fou ?
Eh bien,
Une rame
De métropolitain.


22 juin 1984


90


Racontars


Les gens riches
Disposent
D'un tas
De valets
De plume :
Vont-ils se marier ?
C'est le Grand Amour.
Vont-ils divorcer ?
C'est le Grand Amour brisé.
Ils sont
Plus heureux
Que nous
Qui serions
Petits
Et donc
Malheureux ?
Les valets
De plume
Racontent
N'importe quoi.
Ils sont payés
Pour ça.


23 juin 1984


91


Le Salon International de la Rose,
à Paris, en juin 1984,
au Parc Floral de Vincennes


Quelle merveilleuse exposition !
Dans un merveilleux jardin !
Oui ! mais je n'ai rien vu !
Il fallait payer trente-cinq francs pour entrer.
Les poètes ne sont pas riches vous savez,
Et puis, à quoi ça sert un poète ?
Tandis qu'un Salon International de la Rose,
A Paris,
Au Parc Floral de Vincennes,
Ça peut rapporter beaucoup d'argent !
Alors, braves gens
Payez !
Casquez !
Raquez !
Aboulez l'oseille !
Crachez votre fric !
Après tout, et c'est vrai,
Vous l'avez gagné
Et pouvez le dépenser comme vous voulez.
Les poètes, eux,
Ils sont pauvres,
Ils restent à l'entrée.
Il faudra trouver une solution
Pour s'en débarrasser,
Car ils ne servent à rien,
N'est-ce pas ?
Surtout quand ils n'ont pas
De quoi payer trente-cinq francs pour entrer
Dans une "merveilleuse exposition" (à ce qu'il paraît)
Dans un merveilleux
(Ça c'est vrai, je l'ai visité il y a quelques années)
Jardin,
Au Parc Floral de Vincennes
Sous un beau ciel d'été.
Vous les poètes,
Vivez ou crevez,
Mais en tous cas,
Taisez-vous !
Et vous les roses,
Derrière vos barbelés,
Avec chicanes, tarifs et guichets,
Silence !
Quand les roses s'éveilleront
Elles vont tout casser,
Les poètes, eux, dans leur coin
Riront bien du tableau.
Et ne cherchez pas
A venir nous demander
De calmer les roses.
Après tout,
Vous l'aurez bien cherché,
Avec vos "trente-cinq francs barbelés",
Pour empêcher les pauvres gens
D'aller voir les roses.
Quelle honte et quelle misère !
Interdire aux gagnes petits
D'aller voir des fleurs…
Puissent les roses
Devenir vampires
Par un grand orage d'enfer,
Puissent les roses
Hurlantes comme les loups
Et les hyènes,
Puissent les roses
Venir un jour
Vous dévorer,

Infâmes gredins
Qui avaient interdit
Aux poètes
D'aller les contempler.


25 juin 1984


92


Cela peut vous énerver


Cela peut vous énerver,
J'aime chez les femmes,
Ces merveilles
Qui servent théoriquement
A alimenter les nouveau-nés.
Cela peut vous énerver,
J'apprécie l'arrondi
D'un cou féminin,
Ou un beau regard.
Cela peut vous énerver,
En voyant une femme qui me plaît,
Il m'arrive de la rêver déshabillée.
Cela peut vous énerver,
Je peux m'imaginer
L'embrasser,
La câliner
Et plus encore.
Cela peut vous énerver,
J'aime
Caresser du regard,
Ou par la pensée,
Toutes les femmes,
Pourquoi m'en cacher ?


30 juin 1984


93


Ce serait merveilleux


Ce serait merveilleux
De se retrouver Nus,
Tous les deux
Sous le même drap.
Simplement
Sentir
Que tu es là.
Te prendre
Dans mes bras,
Te dire
Que je t'aime,
Sentir
Mon sexe
Se dresser
Et faire l'amour
Avec toi.


15 juillet 1984


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