dimanche 13 janvier 2008

Suite du recueil, 41 à 46

41

Le Bon Dieu sur mesures


Tout ce que vous voulez
Vous l'aurez.
Moi, si j'étais croyant,
Je me méfierais.


3 juillet 1982




42


Liberté du Travail !


Quel travail voulez-vous choisir ?
La question qu'on devrait d'abord poser
Aux jeunes gens
Et aux jeunes filles
C'est :
"Voulez-vous travailler ?"
Ainsi, par exemple,
Je travaille
Parce qu'on m'y oblige.
A écouter certains,
Il faudrait en plus
Vouloir
Ce que l'on nous impose !!


8 juillet 1982




43


Héros de son temps


Hier on disait :
"Il a tenté la face nord du Grépon
En plein hiver, en solitaire".
Hier on disait :
"Il a été dans une contrée,
Où aucun Européen
Jamais n'est venu.
Là-bas,
Ils portent tous
Un os dans le nez.
Même qu'il a dû
S'en improviser un
Avec la côtelette
Qu'il mangeait,
Pour passer inaperçu
Quand le roi des sauvages
Est venu".
Mais demain on dira :
"Il a traversé
Paris à vélo".
Et tous pousseront
Des cris d'admiration
Et voudront
Rencontrer ce héros.


8 juillet 1982




44



La Science "bornée"

ou

Le strapontin du Bon Dieu


Jadis,
Dieu se relaxait
Dans un grand fauteuil moelleux.
Tout ce qui existait,
Seule Son existence l'expliquait.
Puis, un jour,
Il sentit quelque chose de pointu,
Qui dérangeait son fondement divin.
Bientôt, il du se lever de son fauteuil
Où avait poussé le grand clou de la Science.
Vexé, il alla s'asseoir sur une chaise.
Las !
Les siècles passèrent,
En dépit de l'Inquisition,
Et des savants brûlés vifs,
Il sentit à nouveau
Quelque chose de pointu…
La Science continuait sa marche.
Alors, de son siège,
Furieux,
Il alla très loin s'asseoir
Sur un petit strapontin,
Où se trouvait le coussin
De tout ce que l'homme
N'avait pas encore expliqué.
Après, il ne restait plus que la poussière
Où aller s'asseoir.
Et aujourd'hui,
Effrayé de voir Dieu
Au bord de la déchéance,
Certains vrais ou faux savants
Veulent nous faire croire
Que la Science est bornée
Qu'elle n'expliquera pas tout,
Strictement tout,
Ils ont peur
Car, le jour fatal
Où poussera le dernier clou,
C'en sera fini
Du strapontin du Bon Dieu.
Le pauvre bougre
S'en ira piteusement rejoindre
Les centaures, dahus,
Gnomes, Pères Noëls
Et autres accessoires,
Au musée des monstres
De la pensée humaine.


24 juillet 1982




45



Le vieux banc (du souvenir)


Depuis la dernière fois où je me suis assis
Sur ce vieux banc,
Quinze fois,
L'herbe a fané et repoussé.
Les vieux du village ne sont plus là.
Sont nées et ont grandit,
De gracieuses jeunes filles.
Mais le banc n'a pas changé.
Peut-être, un jour,
S'étant assis sur l'herbe folle,
Qui poussera là où aura été
Le village de La Bérarde,
Un voyageur fatigué,
Remuera du pied
Un morceau de bois tout abîmé,
Reste de ce banc,
Souvenir de ce temps,
Aujourd'hui
Vieux de quinze ans.


La Bérarde, le 1er août 1982




46


Mourir


Ne plus être là,
Ne plus avoir de sentiments,
Ne plus avoir
Même le sentiment
De ne plus être là,
C'est terrible, non ?


La Bérarde, le 2 août 1982



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