samedi 26 janvier 2008

Suite du recueil, 255 à 260

255


Remembrement


Un jour, les technocrates encravatés de mort,
Décidèrent qu'en France, il fallait remembrer.
Avec les microscopiques parcelles, faire des petites,
Avec les petites, des grandes,
Avec les grandes, de très grandes.
Alors, ils remembrèrent,
Détruisant clôtures,
Détruisant haies,
Détruisant la beauté du paysage.
Après quoi, ils ruinèrent la plupart des paysans
Et quantité de parcelles remembrées
Se retrouvèrent en friches.
Les technocrates encravatés de mort
Avaient bien travaillé, le paysage était foutu.
De plus, en quantité d'endroits,
La Nature privée de clôtures et de haies,
Laissait passer librement les eaux de ruissellement
Emportant quelquefois maisons, arbres et gens.
Les technocrates encravatés de mort jugèrent aussi
Qu'il y avait en France trop de races domestiques
Et entreprirent de débarrasser la France
De cette horreur : la diversité génétique.
Les technocrates encravatés de mort
Inventèrent les quotas laitiers
Punissant d'amendes
Les producteurs trop performants.
Ils distribuèrent des primes
A l'arrachage des pommiers, des vignes,
A l'abattage des vaches laitières,
A la destruction du patrimoine
Et à la dénonciation de la valeur du travail.
La viande et le beurre,
Pour maintenir les cours,
Plutôt que les donner gratuitement à manger,
Ils les entassèrent dans des frigos
Et encouragèrent l'élevage industriel.
Le paysan d'aujourd'hui,
Couvert de dettes et dépendant de primes,
Est un survivant.
Les technocrates encravatés de mort,
Après soixante ans de malversations,
Ont triomphé de l'Agriculture française.
Le paysage n'a jamais été aussi laid,
La campagne aussi déserte,
La nourriture aussi mauvaise,
Inquiétante et chère.
Et chaque année,
Au pavillon 1
Du Salon de l'Agriculture
Jadis consacré à la gloire de l'élevage français
La lèpre de la grande distribution
Et de la nourriture industrielle pour humains
Gagne du terrain.


22/23 juillet 2004




256


La preuve


Les Indiens
Sont des feignants.
La preuve
Leur monnaie
S'appelle
"La roupille".


24 juillet 2004




257


Débrouillardise


En attendant
Le Prince Charmant
En attendant
La Princesse Charmante
Ils ont décidé
Tous deux
D'être de temps en temps,
Et réciproquement
La roue de secours de l'autre.
La péripatécienne
Gratuite et bénévole
Qui leur permettra d'attendre
Sans priver leurs corps affamés
De sa ration de caresses
De baisers et de fornications.
Idéalistes,
Ils ont chacun
Leur sandwich sentimental
Pour combler
Leur petit creux

Et mettre la sauce.


29 juillet 2004


(Un point de vue théorique et momentané, que j'ai vite oublié.
Au point que j'ai eu le sentiment
en retrouvant et relisant ce poème huit jours après, qu'il avait
été écrit par un autre que moi.

Je n'ai rien changé au texte, à part un mot malsonnant
que j'ai remplacé par un terme plus aimable).




258


L'amour et le communisme


L'amour
Et le communisme
Ont ceci en commun
Que tous deux
En théorie
C'est le Paradis
Et en pratique
C'est l'Enfer.


29 juillet 2004




259


Kestion


Et si
Au lieu de voir
Le monde
Comme un désert
Sentimental,
On le voyait
Comme un vaste entrepôt
De roues de secours
Sentimentales ?


29 juillet 2004




260


Pressé(e)-rvatif


Préservatif ?
Oui !
Préserv'hâtif ?
Oui ! Oui !
Préserv'actif ?
Oui ! Oui ! Oui !


29 juillet 2004



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