samedi 19 janvier 2008

Suite du recueil, 155 à 159

155


Le sommeil de l'art au vingtième siècle


Quand du 31 décembre mil huit cent quatre vingt dix neuf
Sonnèrent les douze coups de minuit,
Les arts s'endormirent, à part quelques survivances.
L'architecture s'est endormie,
Et les gamins attardés se mirent à jouer aux cubes.
La sculpture s'est endormie,
Et les fumistes exposèrent urinoirs et séchoirs.
La peinture s'est endormie,
Sur les monochromes de Rintintin.
La musique s'est endormie bruyamment,
Avec le "bruitisme" rebaptisé musique
Con
Crête.
En danse, l'absence de création
Fut compensée par les tenues de la Création.
En théâtre ?
Mon Dieu !
On insulta Molière
Jusque sur la scène de la Comédie Française.
On chercha à étouffer la poésie,
Sous une couche de cadavres "exquis"
Et autres souillures de la feuille.
On chercha à déshonorer la cuisine
En la rebaptisant "nouvelle".
Fort heureusement, le mauvais goût échoua,
Devant le verdict des estomacs.
En meubles et décoration,
Il y a un style Louis XIV ou Restauration.
Existe-t-il un style De Gaulle ou quatrième République ?
Non ! le vide…!
La photo, le cinéma,
Heureuses exceptions.
En voitures,
La beauté des carrosses et des teufs-teufs
A laissé la place aux poubelles à roues.
Sur les rails,
La grâce sauvage des locos rugissantes
S'est effacée devant la vulgarité
Des boîtes à savons et autres cartons à chaussures
Mus par le diesel ou l'électrique.
En couture,
L'élégance et la beauté
Ont laissé la place à des torchons informes
Et des mannequins dénudés.
L'esprit de la fête,
Est remplacé par la surdité des oreilles et du cœur,
Ce n'est plus de la fête, c'est de l'"événementiel"
Et les audioprothésistes se frottent les mains.
A présent, ce triste siècle est fini.
Réveillez-vous ! Belles endormies !
La Beauté vous appelle !
Chantons, dansons,
Peignons, sculptons,
Créons joyeusement !
Réveillons-nous !
Affirmons-nous !
La Beauté nous appelle !
Et pour nous, les artistes,
Le moment est venu
De reprendre notre place,
Usurpée par les fumistes,
Avec leurs alliés,
Commerçants et galeristes !


16 septembre 2002




156


Adieu


Une flamme derrière une porte,
Par une belle journée ensoleillée,
Dans une rue tranquille
D'une banlieue résidentielle.
Cinq colombes sont parties,
Cinq colombes se sont envolées,
Cinq colombes ont été foudroyées,
Et nous avons pleuré des hommes forts
Qui protègent la Cité.
Cinq des leurs à la caserne ne sont pas rentrés.
Adieu mes amis,
Adieu valeureux soldats du feu.
Vous n'aviez pas trente ans,
Et Paris, qui a passé deux mille ans,
Vous pleure à présent.
Pleure Notre-Dame, pleure la Cité
Et résonne, lugubre, la sonnerie "Aux morts"
A la caserne de Champerret.
Adieu, mes amis
Vous avez bien mérité de la Patrie.
Adieu, et merci.
Adieu,
Thomas,
Benoît,
Matthieu,
Romuald,
Et Gwenaël.
Pour nous sans hésiter,
Vous avez tout donné.
Jamais vous ne serez oubliés.


18 septembre 2002




157


Vision du soir
rue des Thermopyles


Un soupir.
Une jeune fille
Sous la pluie
Qui pleure.
La pluie pleure
Et la jeune fille aussi.
Le pavé était mouillé,
J'étais pressé,
Je ne me suis pas arrêté.
Une jeune fille,
Les yeux grands ouverts,
Qui soupire et pleure.
Et moi,
Sous la pluie,
Sur le pavé mouillé de pas mal de pluie,
Mêlée d'un peu de larmes,
Je m'en suis allé,
Sans rien lui demander.
Aujourd'hui,
Le soleil brille.
La jeune fille rit,
Peut-être,
Mais elle pleure encore
Dans mes souvenirs.


15 décembre 2002 & 10 juin 2004



158


Alerte soupe


Au régiment
De la soupe de légumes
On annonce
Une alerte carottes.
Mon Dieu !
Aurons-nous
Une alerte navets ?
Et même
Une terrible
Alerte poireaux ?
Oh, mon Dieu,
Une alerte poireaux !!!
Vite tous les légumes
Se rangent
En ordre de bataille !
On annonce l'arrivée du safran !
Tout le monde tremble…
Ce sera une grande soupe aux légumes.


17 décembre 2002




159


Basile et la très belle potière


Quand l'heure de nous quitter
Etait venue
Nous n'arrivions pas
A nous quitter,
Car nous nous aimions.
Nous nous aimions
D'un amour non sexuel.
Certains diront
Qu'un tel amour
Ne peut exister.
De même,
Le soleil ne brille pas
Aux approches de minuit.
Aux approches de minuit,
Le soleil brille
Près du Cercle Polaire,
Aussi irréfutable
Que son amour pour moi
Et mon amour pour elle.


18 décembre 2002


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