dimanche 20 janvier 2008

Suite du recueil, 189 à 194

189


La cité des violettes


Dans la cité
Des violettes
Les notables
Et les riches
Qui s'ennuient,
Se rassemblent
Pour faire la fête.
On y viole
Et on y torture,
Dans la joie
Et la bonne humeur.
Et malheur aux bavards
Qui racontent
Que dans la ville rose
On fait autre chose
Que cultiver des fleurs.


12, 14 juin & 15 août 2004



190


Dieu et les hommes


Dieu existe ou n'existe pas.
En dedans de nous,
En dehors de nous,
Ou nous,
En dedans de lui.
Vastes questions.
Rien ne paraît sûr
A celui qui exige des certitudes,
Doute ou s'interroge.
Ce qui est sûr en tous cas
C'est que ce sont des hommes
Qui ont bâti églises, temples,
Mosquées et synagogues.
Qui les ont décorés
De sourates ou de peintures,
D'emblèmes ou de sculptures,
De coupoles ou de clochers.
Ce sont des hommes
Qui sonnent les cloches,
Ou appellent à la prière
Du haut des minarets.
Ce sont des hommes
Qui ont tissé, fabriqué
Parures, insignes,
Et vêtements sacerdotaux.
Ce sont des hommes
Qui ont élevé le vin de messe,
Et cuit les hosties.
Ce sont des hommes
Nommés par des hommes
Pasteurs, Curés,
Prêtres, Rabbins,
Bonzes, Diacres,
Bedeaux ou Mollahs,
Qui mènent les cérémonies.
Parmi ces hommes
Nommés par d'autres hommes,
Habillés par des hommes,
Portant insignes et parures,
Fabriqués par des hommes,
Prêchant dans des bâtiments
Construits par des hommes,
Décorés par des hommes,
Certains me disent parler
"Au nom de Dieu".
Croire en Dieu ?
Oui, peut-être.
Mais pourquoi
Je devrais les croire eux ??
Le rabbin me dit :
Le premier rabbin
A été nommé par Dieu
Il y a six mille ans.
Le bonze me dit :
Le premier bonze a été nommé
Par le Grand Bouddha
Il y a deux mille cinq cents ans.
Le curé me dit :
Le premier curé
A été nommé par Jésus
Il y a deux mille ans.
Le mollah me dit :
Le premier mollah
A été nommé par Mahomet
Il y a mille quatre cents ans.
Et alors ?
Ce n'est pas
Parce qu'on s'appelle pareil
Que ces grands ancêtres,
Et qu'on s'habille pareil
(Et encore)
Qu'on est pour autant
Un "homme de Dieu".
Suffirait-il inversement
De changer de nom,
Et s'habiller autrement
Pour que Dieu
Ne soit plus là ?
Pour parler
"Au nom de Dieu",
Il suffirait d'un titre,
De porter des vêtements originaux,
Et passer
Le diplôme d'une école religieuse
Tenue par des hommes ?
Mais, où donc est Dieu
Dans tout ça ?
Un titre
Comme pour les nobles,
Un costume original,
Comme pour le Carnaval,
Un diplôme,
Comme dans une école de cuisine,
Et Dieu est là !
Ces coutumes humaines
Me font hésiter,
Entre pleurer;
Et sourire.
Dieu existe ou n'existe pas.
En dedans de nous,
En dehors de nous,
Ou nous,
En dedans de lui.
Vastes questions.
Rien ne paraît sûr
A celui qui exige
Des certitudes,
Doute,
Ou s'interroge.
Si vous souhaitez
Une réponse,
Cherchez-là.
Si Dieu existe,
Il vous guidera.
Les "hommes de Dieu",
Sont des fois forts sympathiques,
Les cérémonies religieuses
Sont des fois très belles.
Mais ce ne sont là
Que des hommes qui s'agitent
Et agitent des mots
Et des concepts
Trop grands pour eux.


20 juin 2004



191


Fumer sa santé


Confieriez-vous
Vos enfants
A un instituteur
Qui tous les jours
Viole et torture
Ses enfants ?
Confieriez-vous
Votre âme
A un pasteur
Qui tous les jours
Viole et torture
Ses paroissiens ?
Confieriez-vous
Votre santé
A un docteur,
Qui tous les jours
Viole et torture
Sa santé
Avec un briquet ?


20 juin 2004




192


Evidences


Laisseriez-vous
A un garagiste
Qui roule
Avec des pneus lisses
Le droit de travailler ?


Laisseriez-vous
A un policier
Qui braque
Des banques
Le droit de travailler ?


Laisseriez-vous
A un médecin
Qui se détruit
La santé
Avec du tabac
Le droit de travailler ?


Non,
Bien sûr,
Car chacun
Par ce geste
Démontre
Son incompétence
Et sa dangerosité.


A un architecte
Qui construit
Sa maison
Qui s'écroule sur lui
Laisseriez-vous
La liberté de travailler ?


A un ingénieur
Des Ponts et Chaussées
Qui construit un pont
Qui s'écroule
Laisseriez-vous
La liberté de travailler ?


A un médecin
Qui se détruit
Les poumons
Avec de la fumée
Laisseriez-vous
La liberté de travailler ?


A un ami des bêtes
Qui torture son chien
Laisseriez-vous
La liberté
De s'en occuper ?


A un jardinier
Qui fait crever
Son jardin
Laisseriez-vous
La liberté
De s'en occuper ?


A un médecin
Qui se fait crever
Laisseriez-vous
La liberté
De travailler ?


Les doigts jaunis
Par le tabac
Il rédige
Vos ordonnances
Et vous le regardez
Avec les yeux
Du chien
Pour son maître
De l'enfant
Pour ses parents
Du dévôt
Pour son curé.


Etonnez-vous
Après
Si vous restez
En bonne santé
Ou la retrouvez.


La médecine est une.
La vie est une.
Le monde est un.
Il n'existe pas
Deux médecines
Deux vies
Deux mondes,
Celui
De votre médecin,
Et le vôtre.
Et quel que soit
Son renom,
Vous partagez
La maladie
De la tête
Et de l'être entier
Du médecin
Que vous voyez
Fûmer.
Un être qui pue
Aux dents jaunes
Et aux vêtements
Qui sentent
La mort.
Recherchée
Pour le plaisir.
Vous aimez votre sang.
Vous vous confiez
Tout entier
A un vampire.


Bien sûr.
Un médecin,
Même incompétent
Peut vous soigner
Un rhume,
Ou réduire
Correctement,
Une fracture.
Mais vous pensez
Qu'il peut gérer
Votre santé.
Fuyez !


Un médecin qui fûme
N'est pas un ingénieur,
C'est tout au plus
Un ouvrier,
Et pas des meilleurs.


20 juin 2004



(Je connais de bons praticiens qui fûment, qu'ils ne m'en veuillent pas de souligner ici, poétiquement, leurs contradictions).




193


Les coqs et les poules


L'homme est
Aussi bruyant
Et démonstratif
Qu'un Coq
Dans sa basse-cour.
Quand il a dragué
Une Poule,
Il pousse des grands cocoricos de victoire.
La femme est une petite Poulette,
Qui drague discrètement
Et très efficacement.
L'homme
Trompe sa copine.
La femme
S'arrange
Pour passer
Un moment agréable
Avec une personne
Extérieure à son "couple".
Et la "fidélité" ?
Les coqs
Et les poules
S'accordent sur le fait
Que c'est une chose
Indispensable
Et inestimable.


21 juin 2004



194


Liberté


Au bout de l'Ile de la Cité,
A Paris,
Une plaque rappelle le bûcher
De Jacques de Molay
Et ses compagnons
Brûlés notamment
Pour homosexualité.
Durant des siècles
On brûle des hommes
Pour crime d'amour irrégulier.
Dernièrement encore
On brûle un homme,
On poignarde un maire,
Sous prétexte
Que ce sont des hommes
Qui font des câlins
A d'autres hommes.
Il y a pourtant
Plus grave
Dans le monde et à Paris
Que s'inquiéter
De ces affaires privées.
Si vous êtes
Hétérosexuel
Et n'aimez pas
Ces gens-là
Regardez ailleurs
Et laissez-leur
S'offrir des fleurs !


Entre Paris et Turin, 22 juin 2004



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